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Pérégrination Romélienne = Un idylle en voyage au travers de lointaines contrées.

03 Mar

Potosí, symbole du pillage colonial

Publié par romain et émilie  - Catégories :  #Bolivie

Nous profitons de la ville pour prendre un peu de repos et nous remettre de nos émotions.
Nous allons passé les deux premiers jours cloués au lit ! Le temps que nos intestins s'habituent à la bouffe locale...
Après avoir récupéré un peu nos forces nous partons à la découverte de la ville.
Potosí est la capitale du département du même nom. Son nom vient du quechua Potojsi qui signifie « tonnerre ». Elle se trouve à une altitude de 4 070 m et comptait environ 164 480 habitants en 2007. C'est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde, construite au pied du Cerro Rico (« Montagne riche »), une montagne qui domine la ville à 4 824 m d´altitude.

Potosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial

Cette ville bolivienne fut le théâtre de l’un des plus grands drames humains de l’époque coloniale. Des années durant, les espagnols sans scrupules ont pillé la mine proche, le Cerro rico.

En effet, Potosí fut fondée par les conquistadores en 1545 pour exploiter cette mine. Durant près de 60 ans, l'Europe a bénéficié d'un métal précieux qu'exploitait l'État espagnol : l'argent. Celui-ci était extrait de la montagne dans des quantités colossales alimentant les caisses de la couronne espagnole qui le dilapidera à son tour en faste et en dépenses de luxe aux profit des artisans européens et au détriment de la production locale. Paradoxalement, l'Espagne sortira ruinée des dépenses fastueuses de la monarchie des Habsbourg, tandis que les conditions dans le reste de l'Europe furent propices au développement industriel. Colbert écrit à cette époque : « Plus un État fait de commerce avec l'Espagne, plus il possède d'argent ».

Encore aujourd'hui, l'expression "vale un Potosí" (« cela vaut un Potosí » — citation du Don Quichotte) s'emploie en espagnol à peu près avec le même sens que l'expression française « c'est le Pérou ».

L'argent était extrait par le travail forcé des Indiens, institué par Francisco de Toledo au travers d'une transformation de l'institution inca de la mita. A l'origine, il s'agissait d'un système collectiviste, où les habitants de l'empire devaient travailler un certain nombre de jours pour l'Inca et, en échange, celui-ci organisait une juste répartition des richesses dans le pays. Les espagnoles vont simplement reprendre l'idée du travail obligatoire sans la redistribution de nouriture. Le système est finalement devenu une sorte d'esclavage sous le couvert d'éduquer et de convertir la population locale au christianisme. Ainsi les indiens qui vont travailler dans les mines n'auront droit qu'à de la coca en échange de leur force de travail .. enfin de leur vie.

La ville devient rapidement la plus peuplée d'Amérique derrière Mexico, avec au moins 200 000 habitants. Cependant, des millions d'Indiens meurent à cause de problèmes respiratoires dus à la poussière dans les mines ou encore lorsqu'ils restent bloqués dans celles-ci après un éboulement. L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano affirme ironiquement :

«  La quantité d'argent extraite des mines de Potosi suffirait à construire un pont au-dessus de l´atlantique pour relier Potosi à l´Espagne… mais ce pont pourrait être également construit avec les ossements de mineurs morts » (Les veines ouvertes de l’Amérique Latine...à lire absolument !).

Après 1800, l'argent se fait rare, et l'étain devient la première ressource. La ville entame son déclin économique. Aujourd'hui, bien que déclarées épuisées, les mines sont toujours exploitées artisanalement par les habitants, dans des conditions de sécurité toujours désastreuses pour les mineurs.

Nous faisons le choix de ne pas les visiter car gênés par le fait d'observer des gens qui travaillent dans des conditions attroces comme s'il s'agissait d'une attraction touristique. Ce sont des agences qui organisent les visites, ils se revendiquent anciens mineurs et te garantissent qu'une partie de l'argent est dédiée aux travailleurs de la mine. Nous ne sommes pas convaincu par leur discours. Nous doutons que l'argent soit réellement reversée et ne voulons pas cautionner ce système où les mineurs sont devenus les figurants d'un parc d'attraction. Nous nous renseignons pour rencontrer les mineurs en dehors de ces visites. On nous répond qu'il est possible de venir à l'entrée de la mine le matin par ses propres moyens. Seulement, nous devons partir le lendemain matin. Nous verrons le fameux cerro Rico uniquement de loin...

 

Potosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial

Avant de quitter la ville, nous faisons un détour par le palais de la moneda. Occupant tout un pâté de maisons, le bâtiment a été construit dans le but de contrôler la frappe des pièces coloniales fabriquées avec l’argent provenant des mines du Cerro Rico. 

 

Potosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonialPotosí, symbole du pillage colonial
Potosí, symbole du pillage colonial
 La virgen del cerro - anonyme - XVIII

La virgen del cerro - anonyme - XVIII

Au cours de cette visite, nous décourvons un tableau très interressant celui de La virgen del cerro, une oeuvre baroque du XVIII qui synthétise l'histoire, les religions du monde nouveau, les conquérants, les coutumes et la nature.  

Le peintre présente le couronnement de la Vierge Marie insérée dans le Cerro Rico mettant en valeur deux cultures:  inca et coloniale.  

Au sommet, la Sainte Trinité : le père, le Fils et le Saint-Esprit personnifié par une colombe. A droite et à gauche sont les archanges avec une croix et l'épée à la main et San Gabriel, tenant un coeur.   

Les dieux des Incas, Inti (Soleil) et Quilla (lune) sont aussi témoins du couronnement.  

Apparaissent également dans la peinture au fond, les autorités civiles et religieuses qui remercient Dieu pour la richesse de la colline. A gauche un pape, un cardinal et un évêque. À droite l'empereur Carlos V et Chevalier de Saint-Jacques et le donateur.  

Au milieu d'eux, un cercle avec une ville, probablement Potosi, qui à l'époque était le centre de l'économie et de la puissance dans le monde. On peut l´interpréter comme le monde au pied de la richesse du Cerro. (sources Internet)

 

 

Nous quittons la ville direction l'autre grande cité coloniale de Bolivie, Sucre. Malheureusement, la visite de Potosi aura été très courte puisque nous avons passé la majorité du temps au lit ou sous la pluie. Malgré cela, nous avons pu sentir l'atmosphère particulière qui y règne. Toute la ville s'organise autour de cette mine qui a fait sa splendeur et qui, aujourd'hui, en fait son infortune...

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