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Pérégrination Romélienne = Un idylle en voyage au travers de lointaines contrées.

29 Mar

Un crochet par l'orient bolivien

Publié par romain et émilie  - Catégories :  #Bolivie

Encore une très belle expérience après ces quinze jours passés en compagnie de Gabriel et Roh. Aujourd'hui, il est temps pour nous de continuer notre route en direction de la région de Chiquitos.

Pour quitter Samaïpata, il faut trouver un moyen de transport. Nous attendons deux heures. Toujours pas de bus à l'horizon. Il faut se résoudre à prendre un combi et là c'est l'angoisse! Emilie s'était jurée de ne plus remonter dedans après la dernière expérience au retour de la Higuera. Trois heures de route de montagne jusqu'à Santa Cruz avec un fou du volant...ça va être long !

Nous arrivons vivant à la gare pour prendre le train direction Aguas Calientes.

Nous arrivons à deux heures du matin dans un petit village en pleine campagne. La "gare" est une simple maison. Il fait noir. Tout est fermé. Heureusement pour nous, nous ne sommes pas seuls à descendre, trois autres touristes boliviennes sont là et, contrairement à nous, elles ont prévu le coups et réservé un hôtel. Le propriétaire est là. Il est venu les chercher. Voyant notre détresse, il va gentiment nous amener devant une auberge.

Aguas Calientes est, comme son nom l'indique, un village où se trouve des sources d'eau chaude.
Après une courte nuit, nous partons pour un petit bain réparateur après ces 15 jours de travail à la ferme. Nous avions pris peu d'information sur le site, ce qui laisse place à la surprise et là, nous découvrons ... un lac d'eau chaude !

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Une fois secs, nous reprenons la route direction notre prochaine étape: Roboré, un autre village situé à 30 km. Le tourisme est peu développé dans la région ce qui signifie peu de transport en commun. On n'aura pas d'autres choix que de faire du stop. Les Boliviens n'ont pas cette habitude donc on sait d'avance qu'on part pour un plan galère. Nous passons 2 heures au bord de la route sous la pluie. Finalement, alors qu'on n'y croyait plus vraiment, un pick up s'arrête avec deux Brésiliens et un chiwawa à bord. On monte dans la bène. Quelques kilomètres plus tard, ayant pitiés de nous, ils nous font monter à l'avant, à l'abris de la pluie.

Nous arrivons à Roboré. la ville est assez étendue. Il nous faut encore marcher sous la pluie à la recherche d'un hôtel.

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Nous profitons de notre étape à Roboré pour visiter le village voisin de Santiago de Chiquitos connu pour son église Jésuite.

La région de Chiquito est célèbre pour ses missions jésuites: Elles sont les vestiges d'établissements, collèges et églises, fondés par les jésuites durant les XVIIe et XVIIIe siècles, en Amérique latine, alors empire colonial espagnol.

Lors de la colonisation, les prêtres catholiques de divers ordres religieux ont participé et mené une mission évangélisatrice. Les établissements créés par eux portent le nom de Misiones ou Reducciones (en français Missions ou réductions). Parmi ces ordres missionnaires les jésuites se distinguèrent. Les œuvres réalisées par les jésuites ont laissé une trace quasi indélébile dans l'histoire des peuples appelés Chiquitaniens de Bolivie.

Fondée par Saint Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus, par ordre des papes, entreprit la fondation de postes missionnaires. .

C'est à la fin du XVIIe siècle que débute la création des Missions Jésuites sur le territoire bolivien, essentiellement dans les régions des Chiquitos. La première à être fondée fut la Misión de San Francisco Xavier en 1691 jusqu'en 1760.

En 1767 le roi d'Espagne Charles III décida d'expulser les jésuites d'Espagne et des Amériques, car il ne supportait pas leurs critiques sur sa politique coloniale, mais aussi pour s'approprier  les richesses soi-disant cachées des Reducciones.

En 1991 la région fut déclarée Patrimoine Historique et Culturel de l'Humanité.

Ces missions jésuites de Chiquitos nous permettent de voir une partie de l'histoire de la colonisation pas mis en évidence dans les musées d'histoire d'Amérique du sud. La présence des ordres missionaires pendant la colonisation a fortement contribué au changement de modes de vie des populatons locales. Ainsi, la sédentarisation en a été un des premiers principes. Dans l'esprit des moines de l'époque, il y a avait une volonté de protéger ces populations en les regroupants dans des villes où ils pourraient leur apporter santé, éducation, sécurité ( contre les chasseurs d'esclaves), et bien-sur évangélisation. La question de la culture originelle de ces populations n'a jamais été prise en compte ce qui a entraîné sa disparition dans l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui, cette assimilation forcée (ou "etnhocide") à la culture judéo-chrétienne se ressent chez les chiquitanos par le rejet très fort de leur "racine" indigène. Ce phénomène permet aux partis politiques capitalistes de pouvoir engranger des voix dans cette région, zone de forte opposition à Evo Morales et à sa politique en direction des peuples originels.

 

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Après un agréable petit repas, nous partons pour une ballade digestive en direction d'un mirador à une heure de marche du village. On avait oublié la sensation de marcher en zone tropicale. A peine cinq minutes après notre départ, nous sommes déjà trempés de sueur. Ca nous rappele notre Guyane. Nous arrivons au sommet de la montée et découvrons une formation géologique étonnante et une vue sur la canopée.

Un crochet par l'orient bolivien
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Lors de la descente un orage éclate. Nous nous mettons à l'abris dans une chapelle en attendant que la tempête passe.

Nous sommes ravis de notre bref passage à Santiago, un village calme et serein entouré d'une belle nature. Nous continuons notre visite de la région en nous rendant à Chochis réputé pour ses pics rocheux de couleur rouge. A notre descente du bus, nous rencontrons Cesar, un habitant du village. Il habite une maison un peu à l'extérieur de la ville où il nous propose de venir camper. Nous nous rendons chez lui où nous découvrons un véritable havre de paix.

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Nous discutons des différents sites à visiter autour du village. Il nous propose de nous accompagner visiter le sanctuaire au pied du rocher, lieu de culte construit par les franciscains pour vénérer un miracle qui s'est déroulé dans les années 1970 : des coulées de boue survenues par de fortes intempéries ont fait déraillé le train allant au Brésil, aucune victime parmi les passagers.

Pendant la marche qui nous sépare du lieu, Cesar nous explique qu'il a participé à la construction du sanctuaire en réalisant une grande partie des sculptures en bois de l'édifice. En arrivant, on découvre son travail. Totalement remarquable! Sans le savoir, nous sommes tombés chez un maître!

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La visite est vraiment très instructive surtout avec un guide-artiste bien placé pour nous raconter ses oeuvres. Sur le chemin du retour, il nous explique avoir travaillé un peu partout sur la planète à la restauration et à la réalisation d'oeuvres en bois appartenants à l'ordre Fransiscain. Il est le créateur de la porte de la cathédrale de Copacabana que nous avons pu découvrir quelques semaines auparavant. Il est spécialisé dans la scuplture d'oeuvres bibliques et travaille uniquement pour les franciscains. Il ne nous le dira pas et nous ne l'interrogerons pas non plus à ce sujet mais pendant ces deux jours passés avec lui, nous nous sommes demandés à plusieurs reprises s'il nétait pas un moine de l'ordre.

Nous continuons notre découverte des alentours...

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Nous reprenons la route pour notre ultime étape en Bolivie, la ville de San José de Chiquitos. Elle fait partie du circuit des missions Jésuites classées au Patrimoine de l'humanité.

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La ville est en effervescence lors de notre passage. Tout le monde s'agite pour préparer l'anniversaire de la création de la ville de Santa Cruz, la vieja.

Historiquement, la ville de Santa Cruz a d'abord été construite à 3km du village actuel de San José de chiquito. Suite aux différentes révoltes à l'époque coloniale, le vice-roi du pérou a décidé de délocaliser la ville à 300 km de là, lieu de son implantation actuelle. Nous allons profiter d'une visite avec les archéologues du site pour nous rendre compte de l'étendue de cette ancienne ville. Les chercheurs fondent beaucoup d'espoirs dans l'exploration de ce site pour mieux comprendre le déroulement de la colonisation espagnole sur ces territoires. Elle est l'une des seules villes de cette envergure à être restée indemme depuis sa construction. La plupart des autres grandes cités coloniales ont malheureusement subi les effets du temps où de nouvelles constructions sont venues s'empiler les unes sur les autres. La préservation du patrimoine n'a pas toujours été la priorité des politiques.

Un crochet par l'orient bolivien
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Avant de quitter la ville, nous partons pour une balade à vélo afin de prendre un peu de hauteur. Les toucans et les aras nous attendent au sommet pour récompenser nos efforts. On en a bavé mais ça valait le coups !

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Deux mois après notre passage à la frontière boliviano-argentine, il est l'heure de prendre la direction de Lima pour rejoindre notre amie Sandrine.
Après huit mois nous commençons à avoir l'habitude des longs voyages en bus mais celui qui nous attend va être dantesque !
Nous quittons la région de Chiquitos en train pour Santa Cruz de la Sierra où nous espérons trouver un bus direct pour Lima. Première étape réussie après une nuit à somnoler aux bruits des rails... A notre grand joie, nous trouvons une compagnie qui vend des places pour Lima avec un changement à La Paz à 220$. Les bourses allégées, il nous reste maintenant six heures à tuer. Nous en profitons pour faire un tour dans le centre-ville.

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De retour à la gare, les choses se compliquent. La dame de l'agence nous explique que la route pour aller à La Paz est coupée suite à l'effondrement d'un pont (courant en saison des pluies). Elle nous dit avoir trouvé une solution auprès d'une autre compagnie. Elle nous accompagne jusqu'à l'agence qui n'est autre que "Eldorado" la pire compagnie Bolivienne (elle est sur la "black liste" des compagnies de bus boliviennes en raison de ces très nombreux accidents). Nous commençons à raler, à lui dire que nous ne voulons pas partir avec eux mais rien à faire elle ne veux pas nous rembourser. Nous finissons par nous résigner en espérant que le chauffeur ne sera pas un fou furieux du volant. En plus, ce qui n'est pas très rassurant c'est qu'étant donné que la route principale est coupée, nous devons passer par l'ancienne piste en pierre qui traverse la montagne!!!
Au moment de partir, pas de bus à l'horizon. La compagnie nous explique que pour l'instant la police interdit le passage des bus car l'ancienne route est en trop mauvaise état. Deux heures, trois heures, quatres heures plus tard, toujours pas de bus. Nous commençons sérieusement à stresser car si nous ne partons pas rapidement nous ne pourrons pas avoir notre correspondance à La Paz. Nous retournons voir la première agence qui ne veut toujours pas nous rembourser. Nous décidons alors de voir la police des transports et, comme par magie, 20 minutes plus tard nous avons récupéré notre argent. On apprend que l'agence n'avait pas le droit de vendre de billets et à tenter de nous escroquer. Ouf ! On s'est vraiment fait prendre pour des pigeons de touristes ! Plus jamais ça !
Le problème est que nous n'avons plus de bus pour partir. Nous trouvons une autre compagnie qui va à La Paz, elle aussi par l'ancienne route. Nous n'avons malheureusement pas le choix si nous voulons quitter la Bolivie. Finalement, à 19h la police ouvre la route et nous pouvons enfin partir de Santa Cruz.

24h plus tard, nous arrivons à La Paz. Il faut maintenant trouver un bus pour Lima. A 7h du soir toutes les compagnies sont fermées. Nous finissons par trouver une agence qui propose de nous amener en van à la frontière et de prendre ensuite un car pour Lima. Nous n'avons pas trop le choix donc nous optons pour cette solution. L'agence nous explique que nous allons partir avec un super bus, avec télé, clim et même le wifi...

Après une nuit un peu courte, nous repartons direction la frontière. Enfin un voyage qui se passe sans surprise. Un coup de tampon sur le passeport et nous nous rendons à la gare routière. Et là nous découvrons notre "super bus": pas de wifi (évidemment), pas de télé, et même pas de clim...pendant 26h !!!!

Durant le voyage, il vont arriver à réparer la télé mais pas la clim. Je vous laisse imaginer la traversée du désert Péruvien dans un car conçu pour ne fonctionner qu'avec la clim c'est à dire pas de fenêtres que l'on peut ouvrir, un véritable four! Nous arrivons quand même à destination après avoir perdu trois kilos de sueurs.

5 jours de voyage, trois moyens de transport différents, et quasiment 2000km parcourus... Totalement dantesque mais nous sommes au Pérou...ENFIN!

Après 2 mois passés en Bolivie alors qu'au départ nous avions prévu d'y passer seulement 1 mois ça en dit beaucoup sur notre attachement à ce beau pays ... Une diversité de paysages, de cultures incroyables, une histoire saisissante, une vie politique saine et tournée vers l'avenir sans en oublier son passé, ses traditions, ses peuples, et des âmes aux coeurs purs et attachants... bref, autant de raisons qui nous ont tant fait aimer la Bolivie.

"Ayaya Bolivia !" (en Aymara, "vive la Bolivie" !)

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