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Pérégrination Romélienne = Un idylle en voyage au travers de lointaines contrées.

10 Jul

Açailândia, la "Vale" de la mort

Publié par Romain et Emilie  - Catégories :  #Brésil

Nous reprenons nos sacs après 10 jours passés à Sao Luis et ses alentours. Nous partons désormais pour l'intérieur de l'état du Maranhao à Açailandia afin de rencontrer les militants de l'ONG " Justiça Nos Trilhos".

Aujourd'hui, nous changeons de moyen de transport, on décide de prendre le train. Pas n'importe lequel, celui de l'entreprise Vale, une firme Brésilienne spécialisée dans le secteur minier. Elle figure comme l'une des principales entreprises du Brésil et de l'état du Maranhao. Elle a construit cette ligne pour pouvoir transporter du minerais de fer depuis l'intérieur de la forêt amazonienne vers le port de Sao Luis pour l'exporter un peu partout sur la planète.

Plus d'info sur le sujet prochainement sur notre site Internet

Açailândia, la "Vale" de la mort
Açailândia, la "Vale" de la mort

On aurait pu prendre le bus ultra-climatisé, plus rapide et plus calme, au lieu de ça, on a préféré prendre le train qui a mis 10h pour arriver à destination, aux températures dignes d'un sauna (40C° à l'arrêt!), et à l'esprit plus populaire ! On n'est pas fou, on aime juste vivre les choses de l'intérieur !

A notre arrivée dans le train, tous les regards sont tournés vers nous. Nos voisins sont surpris de nous voir car ils disent que la plupart du temps les blancs sont en premières classes, dans la clim et cachés derrière les vitres teintés.

Nous nous amusons à observer le joli bazar à l'embarquement où des gens prennent la place des autres, s'insultent gentiment... finalement, après l'intervention des contrôleurs, le train part à l'heure.

Il avance doucement vers Açailândia. Une dizaine d'arrêts sont prévus le long du chemin avant d'arriver à destination.

Dès le départ, la chaleur et la poussière envahissent le wagon car toute les vitres restent grandes ouvertes pour essayer de ventiler et de rentre l'air plus respirable.
Le train ne peut rouler trop vite car il doit adapter son rythme au train de Vale qui transporte le Minerais de fer. Ces trains sont hallucinants, ils mesurent plus de 3,6 km de long soit une dizaine de minutes pour le croiser. Ce sont les plus grands trains du monde...

Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort

Au bout de deux heures de voyage, nous arrivons dans une petite gare de campagne au quai trop petit pour accueillir le train. Romain ne peux même pas sortir fumer sa clope, la journée va être longue!!!

A peine le train s'arrête qu'une foule de gens commencent à déambuler le long des wagons pour vendre toutes sortes de denrées: eau, glaces, fruits, repas,...
On observe parmi ces vendeurs, des enfants à peine âgés de 8 ans et des personnes âgés. Il n'y a pas d'âge pour ce travail ! L'ironie dans tout ça, ce sont les panneaux installés par VALE dans les gares qui indiquent que le travail des enfants est interdit sous peine de sanctions graves ! Quand on sait que la construction du chemin de fer a causé le décès de nombreux enfants (enfants renversés par le train, enfants nés avec des malformations liées à la pollution...etc), c'est VALE qu'on devrait condamner (sauf que l'entreprise "toute puissante" est juridiquement intouchable !!).

A chaque arrêt, ce "spectacle" va se reproduire. La descente vers l'intérieur du pays laisse de plus en plus transparaître la pauvreté du Brésil moins flagrante dans les grandes villes du littorale.

Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort
Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort
Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort
Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort

Avec plus de deux heures de retard nous arrivons finalement à destination: Açailândia.

Açailândia, la "Vale" de la mort
L'usine sidérurgique vue du trainL'usine sidérurgique vue du train

L'usine sidérurgique vue du train

Açailândia est une ville où vivent plus de 100 000 personnes. Les secteurs économiques principaux de la commune sont la sidérurgie et la mine. Cinq usines sont installées dans et autour de la ville.

Nous arrivons à 19h au motel, le temps de déposer nos sacs et nous rencontrons Erika et Marcello, salariés et militants de "Justiça nos trilhos". Autour d'une bière, nous discutons de nos motivations et des raisons de notre venue dans la ville. Marcello semble un peu sur la défensive et nous questionne beaucoup. C'est compréhensible quand on connaît le malaise social entre les habitants de Piquia de Baixo (où sont menés les actions de l’association) et les pouvoirs publics. Notre venue ne doit pas être trop intrusive et encore moins dans l'objectif d'assouvir une curiosité mal placée. Au delà de ça, il nous interroge sur les raisons de notre voyage dans toute l'Amérique du sud. Nous ressentons un malaise. Pourquoi, nous, européens, nous avons ce "privilège" de pouvoir voyager sur le continent sud américain alors qu'eux n'ont encore jamais pu aller jusqu'à Lençois Maranhense, faute de temps et d'argent !?

Après ces échanges qui ne nous ont pas laissés indifférents, nous retournons au Motel.

Le Motel c'est grand luxe et tout confort!!! En gros, nous partageons nos chambres avec nos voisins car le haut des murs n'est pas fermé. On ne vous décrira pas ici ce que faisaient nos voisins, mais ceux qui connaissent les Motels Brésiliens se feront une idée. Quelle belle invention les boules quies !

Un peu de repos car une longue journée nous attend le lendemain...

Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort

Le lendemain, Erika nous attend devant le motel pour prendre le taxi jusqu'à Piquia de Cima, un quartier excentré de la ville où se trouve la maison du père Dario et du frère Antonio, en charge de l'association "Justiça nos Trilhos". Pour la petite anecdote, Mme Le Maire d'Açailândia a retiré toutes les lignes de bus car ça coûtait trop cher à la commune. Vous n'avez pas d'autres choix que de prendre le taxi pour vous rendre d'un point A à un point B. La commune a fixé une grille tarifaire. Erika est étudiante et doit payer moitié prix sauf que n'ayant pas avisé le motoriste dès le départ, elle a dû payer le prix fort. Nous comprenons que si elle l'avait prévenue, il aurait fallu attendre un quatrième passager ... qui plus est, une personne souhaitant aller dans la même direction ... la croix et la bannière ... enfin, c'est juste scandaleux!

A Piquia de Cima, nous sommes reçus par les ecclésiastiques impatients de nous rencontrer et de connaître notre projet. Nous nous asseyons autour d'une table, et, en buvant un café, nous faisons connaissance. Nous prenons le temps de recueillir des données pour la rédaction de nos articles postés prochainement sur notre site et notre documentaire. Nous avons rencontré des personnes très ouvertes et qui nous ont très vite accordées leur confiance.

Nous prenons ensuite la route vers Piquia de Baixo en compagnie d'Erika et Valentina, une chrétienne laïque en mission auprès de l'association des habitants du quartier. Nous passerons la matinée à nous promener et à appréhender les véritables impacts de l'usine sidérurgique sur la population.

Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort
Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort
Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort

A midi, nous sommes invités chez Valentina et son mari, Marco. Une belle rencontre ...

Açailândia, la "Vale" de la mortAçailândia, la "Vale" de la mort

Retour dans l'après-midi à Açailândia pour récupérer des documents au siège de l'association. Nous quittons Erika et Marcello, qui nous avait rejoint plus tôt. Emilie glisse à l'oreille d'Erika que de toutes évidences cette journée ne nous a pas laissé indifférents. Nous sommes intimement persuadés que nous poursuivrons notre action et qui sait, peut-être, retournerons-nous là bas pour REagir!

Açailândia, la "Vale" de la mort

Nous retournons à la gare routière pour attendre le bus...

Avec tout ça, nous n'avons même pas vu la défaite de la France contre l'Allemagne mais quelle importance ?!

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Y
salut, Nous sommes chez Pauline, on pense à vous Bisous.
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M
C'est bien, les vidéos. Celle-là est très impressionnante : on n'imagine pas que ça puisse exister.<br /> C'est moins festif qu'à Sao Luis mais ça prend aux tripes de savoir tout ce qu'il y a derrière le remplissage de tous ces wagons.<br /> Bon voyage !!! ;)
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P
merci pour vos ces articles qui nous font partager un peu de votre voyage. Vous êtes vraiment loin, mais quel beau voyage.....
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