Le canyon de Colca et ses spectacles grandeurs nature

Aujourd'hui, place à notre troisième compère pour faire le récit de nos aventures à Colca:

Apres une bonne nuit de sommeil, nous voilà partis pour une nouvelle grande aventure qui commence par 7 heures de bus. Mais à peine arrivés au terminal terrestre nous nous apercevons que dans la précipitation nous avons oublié la moitié de nos vivres restés dans le frigo de l'auberge. Histoire de ne pas mourir de faim, nous trouvons un peu de fromage et quelques fruits.

Nous prenons la route en direction du Canyon de Colca, profond de 3400 m. Il se situe au nord d'Arequipa. Autrefois considéré comme le canyon le plus profond du monde avec un point culminant a 4350 m d'altitude, il est démontré aujourd’hui hui qu’un canyon voisin, le Canyon de Cotahuasi était plus profond d’une centaine de mètres. Pour arriver au premier village, Chivay, situé à une quarantaine de kilomètres de l’entrée du canyon, nous passons plusieurs cols, dont certains à plus de 4000 m d’altitude. Les paysages que nous traversons sont des plus impressionnants, des montagnes somptueuses, des vallées verdoyantes et les lamas, vigognes (vicuñas) ou je ne sais plus lesquels j’ai pas retenue ma leçon ! Puis, au détour d'un virage, un tunnel inattendu qui traverse la montagne notre grande surprise, petit moment de silence dans le bus, il est interminable …

Après la ville de Chivay, le canyon devient de plus en plus étroit, quelques virages de plus et nous arrivons à Cabanaconde, d'où partent quelques treks en direction du fond du canyon, et de la rive opposée vers les villages de San Juan de Chucco, Tapay, Malata ... et notre refuge pour la nuit. Nous sommes accueillis par une jeune fille qui nous fait la promotion d'un petit hôtel où nous nous rendons. Accueil très chaleureux de César qui nous installe comme des rois, chacun sa chambre avec salle de bain à l’intérieur. Petite popote pour reprendre des forces et petit tour dehors pour visiter les lieux. Emilie, certainement prise du Sorroche, le mal de l’altitude, se prend pour un taureau et rentre dans l’arène. Le point de vue est magnifique, mais un orage se prépare, nous décidons de rentrer. Coupure d’électricité générale, pas facile de prendre une douche avec une bougie à la main. (et froide qui plus est ! N'est-ce pas Sandrine?!)

Nous avions prévu de faire un trek de 2 jours au départ de Cabanaconde mais les rumeurs de tremblement de terre fin février et des répliques régulières depuis ont eu raison de notre courage et nous décidons de partir seulement pour la journée.

Au petit matin alors que nous sortons tout juste de notre hôtel, un homme habillé en "guardaparque" nous saute "littéralement" dessus pour savoir si nous avons payé notre billet touristique. Nous pensions avoir échappé à ce racket mais finalement il va falloir s'y plier. 70 soles (22 euros) par personnes pour pouvoir descendre dans le canyon. C'est cher mais bon selon les dires du garde, l'argent est reversée aux communautés du parc et sert à entretenir les sentiers et infrastructures. Une fois s'être acquittés de cette taxe, nous pouvons enfin partir.

Départ de bonne heure pour 1100m de dénivelé, le canyon est brumeux et nous ne pouvons voir notre destination, en même temps ce n’est pas plus mal !

Dès le départ, nous remontons en question les propos du "guardaparque" au vue de l'état du sentier. Après 5 minutes de marche, nous sommes pris dans un "torrent". Plus possible d'avancer. Nous sommes obligés de passer dans les champs pour pouvoir continuer notre route. On rencontre ensuite un second "guardaparque" faisant aussi parti du raket organisé. Il est là pour contrôler les billets. On trouve ça un peu gros alors que le sentier est impraticable ! Où sont les gardes qui entretiennent les chemins ?

Après quelques virages sur les fesses (seulement pour moi) et la levée du brouillard, nous découvrons le village de Sangalle qui sert de refuge aux trekkeurs, il est surnommé l'Oasis, quelques lodges ont été aménagés pour le repos du randonneur avant la remontée. Magnifique coin de nature et de petits bungalow que nous ne pouvons traverser puisque nous ne somme pas clients. Encore un scandale car après avoir payé déjà 70 soles d'entrée, on doit repayer pour avoir accès à la rivière. Marre d'être des "euros sur pattes"! On décide de contourner les lodges pour y arriver. 

Il nous faudra plusieurs minutes de recherche avant qu’Emilie trouve un chemin, "presque" praticable, pour atteindre la rivière de Colca quelques mètres en dessous de nous. L'effort n’était pas sans récompense.

Pique nique au fond du canyon entouré de montagnes avec la puissance de la riviere en fond sonore. Nous profitons de ce moment de repos avant de prendre le chemin du retour.

 Et oui, une fois qu’on est descendu, il faut remonter. Et là, c'est la douleur. Les quelques mètres pour atteindre seulement le point de départ du chemin m'ont bien calmé. C’est d’ailleurs à ma peine et mes efforts que je dois l’honneur d’être l’auteur de ce récit ! Fini de jouer au photographe, même si le paysage qui nous entoure est magnifique et que mes yeux s’en délectent, ce qui me donne du courage, plus qu’une chose ne compte, respirer… A même pas un quart du chemin, nous croisons un homme et quelques mules. Il nous propose une remontée moins sportive, mais certainement tout aussi impressionnante. Bon j’avoue, c’est surtout à moi qu’il le propose, mon teint, certainement écarlate a du y être pour quelque chose, mais il est trop tôt pour déjà abandonner. Romain me rassure en me promettant que nous en croiserons de nouveau. Nous continuons notre ascension. De petites pauses nous permettent de reprendre notre souffle et d’apprécier tout ce qui nous entoure. A mi-chemin, un orage éclate, le temps presse, il faut nous hâter, Emilie et Romain passent la seconde, mais moi, je suis déjà au max… Un pas après l’autre, et on recommence, cette montée est interminable. Romain m’emboite le pas, histoire de me faire puiser au bout de mes forces. Aller Sandrine, avance, un pas devant l’autre, pas besoin de réfléchir … Emilie est déjà arrivée, bien sur c’est Romain qui a les vestes. Aller Sandrine, bouge toi, il fait froid là haut… Arrivée ! Je peux enfin sourire. Romain annonce le temps… 3h15… véritable exploit pour moi… Merci les amis.

Pas possible de quitter le canyon de Colca sans se rendre au mirador de Cruz Del Condor, site réputé pour l’observation des condors. Nous prenons la route au petit matin. Au fur et a mesure des arrêts, le bus se rempli, il transporte les travailleurs qui se rendent aux champs pour la journée. D'un bus de 40 places, nous finissons par être une petite centaine ensardiné à l'intérieur, rien que ça ! 

L’impression d'être les seuls au monde et d’appartenir à la montagne, ressentie la veille n’est qu’un lointain souvenir. L’étape étant inscrite dans tous les guides de voyage, tous les bus et minibus de touristes s’y arrêtent, par chance les Condors ne sont pas timides et nous font la joie de venir planer au-dessus de nous. Quel beau spectacle, ces immenses rapaces se laissent porter par les courants d’air chauds et froids. Par leurs tourbillons croissants, ils nous emmènent planer avec eux dans leur ronde majestueuse.

Le temps est venu de quitter cette plénitude et de reprendre la route.

Et là, patatra, nous apprenons que le bus ne passera pas ... Avec deux basques dans la même galère, nous repartons au village de Cabanaconde en espérant trouver un autre moyen de rentrer à Arequipa. Finalement, nous pouvons quitter le canyon avec un peu de retard mais la tête remplie de bons souvenirs !

En discutant avec d'autres voyageurs partis en trek dans le canyon pour plusieurs jours, nous apprenons que les habitants sont spoliés de l'argent générée par le billet touristique. Pire, ce sont eux-mêmes qui entretiennent les chemins car les gardes, à part récolter l'argent, ne font rien pour l'entretien du site. Bien qu'émerveillés par la beauté des paysages, cette histoire nous laisse un goût amer. 

Comments

[ophélie]

Merci pour le partage! Mes genoux se souviennent encore du canyon de Colca, Sandrine je comprend ton récit!!

[PBH]

Bravo Sandrine pour tes exploits, je pense que tu t'en rappelleras longtemps :Le canyon c'est comme la montagne ça se mérite !! Quand au vol des condors nous n'avons pas eu la chance d'en voir lors de notre voyage. Merci à vous 3 pour ce partage et bonne continuation à Romain et emilie

[philae]

dépaysement total bravo pour ce bel article et superbes clichés